La drogue
Les drogues dans l'histoire: rien de nouveau sous le soleil !
L'ingestion de drogues dites psychotropes est un phénomène très répandu
dans notre civilisation moderne. Ce phénomène n'est pas nouveau. De
multiples témoignages prouvent que cette pratique existe depuis
l'Antiquité, sous diverses formes et dans les cultures les plus diverses.
En Occident, jusque dans les années 60, l'ingestion de certaines drogues
était réservé aux milieux plutôt marginaux.
Le plus ancien témoignage concernant les drogues dites hallucinogènes
remonte à 2737 av. J.-C. L'empereur chinois Shen Nang montre son grand
savoir sur le cannabis et ses propriétés dans un livre consacré à la
pharmacologie. Déjà à cette époque, l'usage de cette drogue trouble les
moralistes chinois. Le cannabis est considéré par plusieurs comme le
"libérateur du péché" et par d'autres comme "celui qui apporte la joie”.
En Inde, les prêtres attribuent une origine divine au chanvre qui
proviendrait de la métamorphose des poils du dos de Vichnou. Il désigne
cette plante sous les noms de Vajahia, source de bonheur et de succès, et
de Anada qui produit la vie. En Perse et en Inde, on continue de consommer
le haschich, considéré comme la source de toute volupté, sous le nom de
bhang .
En Inde, la drogue est traditionnellement liée à la spiritualité. Gordon
Wasson, mycologue américain, affirme que le Rig-Veda consacre au moins le
dixième de ses mille psaumes au dieu/plante sôma. Il est évident que
l'extase produite par ces expériences conduit loin des notions judéo-
chrétiennes de culpabilité de l'homme devant Dieu. L'ivresse ainsi produite
serait intrinsèquement liée à la métaphysique hindoue. C'est l'opinion de
Hans Rookmaaker, qui écrit: "Le but que vise un intoxiqué... est très
similaire à ceux des religions orientales." C'est la recherche du néant.
C'est aussi ce qu'affirme G. Andrews:
La plupart des dieux étaient indulgents. Les sacrifices pour la culpabilité
et la reconnaissance, comme ceux qui étaient offerts par les anciens
Hébreux, étaient presque inconnus dans le Veda. Néanmoins, la cérémonie
religieuse a dû avoir des éléments de crainte et d'émerveillement. Les
adorateurs, enivrés de sôma, avaient des visions merveilleuses des dieux;
ils ressentaient des sensations étranges de puissance; ils pouvaient
toucher le ciel; ils devenaient immortels; ils étaient eux-mêmes comme des
dieux.
En Occident, on trouve également des témoignages confirmant l'usage des
drogues avec des motivations magico-religieuses. Dans la Grèce antique, des
gens se livraient à un genre de "divination chresmologique" à l'aide de
plantes/drogues, comme le pavot.
Le déclin de l'Empire d'Occident s'est accompagné, chez les Romains, de
pratiques occultes apportées par les invasions barbares, dont "l'ingestion
de breuvages qui troublaient les sens, ainsi que la composition de poisons
subtils".
Au Mexique, à l'époque des conquêtes espagnoles, un grand nombre de
plantes, dont le peyotl, sont utilisées pour communiquer avec les dieux, en
entrant en transes. Des pratiques semblables sont également répandues chez
les Indiens d'Amérique du Nord, les Mazatèques, par exemple, qui croient
que leur drogue, le peyotl, est un don de Dieu.
Dans le monde musulman, le qat est utilisé au Yémen par les religieux dès
le XIVe siècle. Il leur permet de lutter contre le sommeil pendant leurs
longues nuits de prière. Ce produit, qui ne suscite pas de perte de
contrôle physique ou mental, a également la réputation d'augmenter le
pouvoir de contemplation et de renforcer la communication avec Dieu. Selon
Sheilagh Weir, les mystiques soufis de la doctrine shaféite croyaient que
le qat facilite l'extase et le considéraient comme un don divin.
En Europe, on trouve également le recours à la drogue avec le cas célèbre
de l'épouse de l'astronome allemand J. Kepler, qui est mise à mort, durant
les purges anti sorciers des années 1615 à 1629, pour avoir distribué des
drogues soporifiques et hallucinogènes.
A l'époque moderne, le poète marquis Stanislas de Guaita (1860-1898), qui
s'est passionné pour la magie, s'est servi de cocaïne et de haschich parce
qu'ils l'aidaient à quitter son corps physique et à explorer les mystères
de la conscience dans son corps astral.
En bref, il est légitime de conclure que l'ingestion de certaines drogues
est associée, depuis l'Antiquité, à des modifications de l'état de
conscience des personnes et souvent assimilée à des expériences dites
religieuses.
Quelques définitions
En français, le terme " drogue " peut prendre différents sens. Au XIXème
siècle, il s'appliquait aux préparations faites par les apothicaires.
Progressivement, ce mot a pris une connotation péjorative, désignant, par
opposition aux médicaments, les substances dont la capacité à guérir est
douteuse ou qui sont susceptibles d'être utilisées dans la recherche de
plaisir.
Dans le langage courant actuel, la drogue est souvent associée aux seuls
produits illicites classés comme stupéfiants. Cette acception du terme est
celle des juristes, des policiers et des magistrats. Les médecins
cliniciens classent, quant à eux, les substances en fonction des capacités
à induire une dépendance et à nuire à la santé mentale et physique des
patients. Un spécialiste des produits toxiques différencie les produits en
fonction de leur toxicité intrinsèque, indépendamment des risques de
dépendance et des conséquences de celles-ci sur la santé et la vie en
société. L'ambiguïté de ce mot rend le débat difficile et il apparaît
nécessaire, au préalable, de le définir le plus précisément possible.
Les définitions des dictionnaires actuels font référence au caractère
toxique des " drogues " (" Substances toxiques, stupéfiants " selon
le grand Robert ) et à la dépendance qu'elles engendrent (" Substance
psychotrope naturelle ou synthétique, qui conduit au désir de continuer de
consommer pour retrouver la sensation de bien être qu'elle procure " selon
le Grand Larousse Universel.) On retrouve les mêmes éléments de définition
dans les ouvrages plus spécialisés. Le dictionnaire des drogues, des
toxicomanies et de la dépendance définit la drogue comme une " substance
psychoactive prêtant à une consommation abusive et pouvant entraîner des
manifestations de dépendance ". Selon l'ouvrage de référence d'Inaba et de
Cohen sur les excitants, calmants et hallucinogènes, peut être considéré
comme une drogue " toute substance qui entraîne des distorsions de
fonctionnement du système nerveux central ".
Cet effort de clarification conduit donc à deux acceptions de ce mot. La
première est très large, de type toxicologique, et correspond à la dernière
définition citée. Un grand nombre de médicaments se trouveraient alors
inclus parmi les drogues. La seconde, plus restreinte, est fondée sur la
notion de dépendance, terme lui-même défini par la communauté scientifique
internationale. Nous retiendrons la définition suivante : une drogue est un
produit naturel ou synthétique, dont l'usage peut être légal ou non,
consommé en vue de modifier l' état de conscience et ayant un potentiel
d'usage nocif, d'abus ou de dépendance. Cette définition inclut : les
stupéfiants, les substances psychotropes, l'alcool, le tabac, les colles et
solvants, les champignons hallucinogènes et les substances de synthèse non
encore classées. Elle exclut les substances vitales (eau, air), le café, le
chocolat, les médicaments psychoactifs non utilisés pour modifier les'états
de conscience. S'appuyant sur cette définition, et par convention, le terme
"drogues" au pluriel (ou "produits psychoactifs") couvre l'ensemble des
produits pris en compte dans ce livret ; il comprend les sous-ensembles
suivants : l'alcool, le tabac, les médicaments psychoactifs et les drogues
illicites. Les médicaments psychoactifs sont classés selon quatre
catégories : les hypnotiques, les neuroleptiques, les anxiolytiques et les
antidépresseurs. Les drogues illicites comprennent les produits stupéfiants
et certains produits non classés comme stupéfiants et détournés de leur
usage normal (colle, solvants, champignons hallucinogènes, substances de
synthèse, médicaments détournés...).
Les comportements d'usage
On distingue trois catégories de comportements : l'usage, l'usage nocif, la
dépendance. Ces distinctions sont communes au milieu scientifique
international. Elles reposent sur les définitions de l'Organisation
mondiale de la santé et de l'Association américaine de psychiatrie .
L'usage est entendu comme une consommation qui n'entraîne pas de dommages.
Cette consommation peut varier dans son intensité et peut être qualifiée
d'expérimentale, d'occasionnelle ou de régulière. L'usage nocif (ou abus)
est entendu comme une consommation qui implique, ou peut impliquer, des
dommages. Ces derniers peuvent être de nature sanitaire (somatique ou
psychique), sociale (incapacité de remplir des obligations : au travail, à
l'école, en famille, etc.) ou judiciaire. Ils peuvent être causés par
l'usager à lui-même ou à un tiers.
La dépendance est entendue comme un comportement psychopathologique
présentant des caractéristiques biologiques, psychologiques et sociales.
Les principaux critères contribuant à sa définition sont : le désir
compulsif de produit, la difficulté du contrôle de la consommation, la
prise de produit pour éviter le syndrome de sevrage, le besoin d'augmenter
les doses pour atteindre le même effet, la place centrale prise par le
produit dans la vie du consommateur.
Ces définitions internationales, élaborées dans une perspective clinique,
posent problème sur certains plans. Ainsi, certains usages dangereux mais
ponctuels ne sont pas pris en compte sous le concept d'abus. De même la
définition de la dépendance peut être largement discutée. De plus, ces
concepts sont difficilement pris en compte par la statistique. Dans ce
livret, les concepts d'usage nocif, d'abus et de dépendance seront
appréhendés de manière globale sous le terme empirique "d'usage à problème"
venant s'inscrire en complément du terme "usage" entendu comme n'entraînant
pas de dommages graves ni répétés. " L'usage à problème " est défini comme
une consommation qui peut induire un recours aux soins et / ou caractérisé
par sa visibilité auprès des institutions chargées d'appliquer la loi.
Les termes usage / usager et consommation / consommateur seront donc
employés non seulement pour couvrir les trois catégories de comportement
précédemment décrites, mais également les comportements de consommation de
l'ensemble des produits psychoactifs et les populations correspondantes.
Les termes toxicomanie / toxicomane seront utilisés selon leur acception
ordinaire, liée au phénomène de dépendance aux drogues illicites.
***
Pourquoi se drogue-t-on ?
Il est bien difficile de déceler une cause spécifique de l'usage de
drogues. L'usage de drogues se retrouve dans toutes les époques, toutes les
cultures, tous les milieux sociaux. L'usage pose souvent peu de problèmes
lorsqu'il s'intègre dans les m?urs traditionnelles d'une société. La
feuille de coca est ainsi mâchée depuis des siècles par les populations
andines, sans excès et sans dommages particuliers. Au contraire,
l'introduction de l'alcool par les Européens chez les peuples autochtones
américains a provoqué d'immenses dégâts et contribué à la décadence de
leurs civilisations. Les causes de l'usage traditionnel des psychotropes
sont peut-être à rechercher du côté des origines des religions, du besoin
de transcender le réel, etc…
Lorsque l'usage des psychotropes ne s'intègre plus dans les traditions
d'une société les causes diffèrent sans doute. On choisit alors
individuellement de se droguer. Pourquoi ? Pour voir, pour essayer, parce
qu'on en entend parler ; parce que des amis ont essayé et qu'on souhaite,
comme eux, se "déniaiser". On désire souvent être une personnalité
exceptionnelle, attrayant, différente, et particulièrement dans les
sociétés modernes où l'individu doit se trouver seul une position propre.
Et puis on goûte aux drogues parce qu'on se sent mal, pour s'évader de la
réalité, pour oublier son mal-être. A force de s'évader, hélas, on retrouve
souvent le réel avec très peu d'intérêt. On dit que la drogue est un piège
: les psychotropes "capturent" sans doute à ce moment, et l'usager doit
être extrêmement méfiant. On se drogue, enfin, parce qu'on est dépendant,
physiquement ou psychologiquement, au produit : on est "toxicomane". Sans
drogue, on se sent extrêmement mal ; et "l'évasion" recherchée aboutit
concrètement à une existence totalement assujettie au produit.
|Tout le monde est dépendant : le bébé à sa mère, l'adulte à son | |
|travail, par exemple. Mais la dépendance est plus ou moins supportable.| |
|L'addiction à l'héroïne, par exemple, est très pesante ; elle est | |
|physique, psychologique, totale. Pourquoi est-on toxicomane ? En | |
|France, Sylvie Geismar-Wieviorka a cru reconnaître chez tous les | |
|toxicomanes qu'elle a rencontré un meme besoin d'absolu, une quête de | |
|liberté totale et de bonheur illimité. Les Grecs anciens avaient décrit| |
|ce comportement par le mythe d'Icare : dans son envol vers le soleil, | |
|Icare, l'utopiste, s'était brûlé les ailes. A la recherche du bonheur | |
|absolu et de la liberté totale, les hommes n'ont souvent, comme Icare, | |
|trouvé que déchéance et tyrannie. | |
Le Cannabis
De plus en plus répandu, l'usage du cannabis concerne aussi bien les jeunes
que les moins jeunes. Banalisés, le joint est le 1er produit illicite
consommé. Au point qu'on ne sait plus s'il est légal ou pas et quels en
sont les dangers réels. Un point complet à l'usage des usagers, de leurs
proches et de ceux qui veulent en savoir plus.
Le cannabis qu'est-ce que c'est, et à quoi ça ressemble ?
Le cannabis est une plante. Il se présente sous trois formes différentes :
- l'herbe (marijuana) : feuilles, tiges et sommités fleuries, simplement
séchées. Se fume généralement mélangée à du tabac, roulée en cigarette
souvent de forme conique (le stick, le joint, le pétard...).
- le haschich (shit) : résine de la plante, obtenue en raclant les
feuilles et en y ajoutant la poudre obtenue des plants séchés et secoués.
Se présente sous la forme de plaques compressées, barrettes de couleur
verte, brune ou jaune selon les régions de production. Se fume
généralement mélangé à du tabac et plus rarement consommé sous forme de
préparations culinaires.
Le haschich peut être coupé avec d'autres substances plus ou moins
toxiques comme le henné, le cirage, la paraffine…
- l'huile : préparation plus concentrée en principe actif, consommée
généralement au moyen d'une pipe. Son usage est actuellement peu répandu.
Effets et dangers du cannabis
Les usagers de tous âges consomment généralement pour le plaisir et la
détente. Les effets de la consommation de cannabis sont variables : légère
euphorie, accompagnée d'un sentiment d'apaisement et d'une envie spontanée
de rire, légère somnolence. Des doses fortes entraînent rapidement des
difficultés à accomplir une tâche, perturbent la perception du temps, la
perception visuelle et la mémoire immédiate, et provoquent une léthargie.
Ces effets peuvent être dangereux si l'on conduit une voiture, si l'on
utilise certaines machines sous l'effet de l'ivresse cannabique.
Les principaux effets physiques du cannabis peuvent provoquer selon la
personne, la quantité consommée et la composition du produit,
l'augmentation du rythme du pouls (palpitations), la diminution de la
salivation (bouche sèche), le gonflement des vaisseaux sanguins (yeux
rouges), et parfois, la sensation de nausée.
Les effets nocifs du cannabis sur la santé sont à certains égards moins
importants que ceux d'autres substances psychoactives. L'appareil
respiratoire est exposé aux risques identiques à ceux du tabac (nicotine et
goudrons toxiques), et les risques sont amplifiés dans certaines conditions
d'inhalation (pipes à eau, " douilles ").
Toutefois, certains effets, mal perçus de la population et des
consommateurs, ont déjà des conséquences importantes et marquent
l'existence d'un usage nocif : difficultés de concentration, difficultés
scolaires, préoccupations centrées sur l'obtention du produit, contacts
avec des circuits illicites.
Chez certaines personnes plus fragiles, le cannabis peut déclencher des
hallucinations ou des modifications de perception et de prise de conscience
d'eux-mêmes : dédoublement de la personnalité, sentiment de persécution.
Ces effets peuvent se traduire par une forte anxiété. Un usage nocif de
cannabis peut favoriser des troubles psychiques.
|Cannabis et dépendance | |
|L'usage répété et l'abus de cannabis entraînent une dépendance | |
|psychique moyenne à forte selon les individus. En revanche, les | |
|experts s'accordent à dire que la dépendance physique est minime.| |
|Toutefois, un usage régulier, souvent révélateur de problèmes, | |
|est préoccupant, surtout lorsqu'il s'agit de très jeunes usagers.| |
Le cannabis est un produit illicite.
Originaire des contreforts de l'Himalaya, le cannabis (ou chanvre indien)
est utilisé par l'homme depuis des millénaires ; d'où sa diffusion vers le
continent indien puis vers l'Extrême-Orient, le Moyen-Orient puis l'Europe.
Cultivé pour ses fibres destinées à la fabrication de cordages, de papiers
et de tissus, sa résine était utilisée autrefois en tant que spasmolytique,
hypnotique et analgésique.
Introduit en Europe au début du 19è siècle par les soldats de Bonaparte et
par des médecins anglais de retour des Indes, le cannabis fut utilisé en
médecine pour le traitement des migraines, de l'asthme et de l'épilepsie.
Consommation : les chiffres d'une réalité française
Un peu plus de 6 millions de personnes de 15 à 44 ans déclarent avoir
consommé du cannabis une fois dans leur vie, soit un homme sur trois et une
femme sur cinq.
. 7,5% des adultes de 18 à 44 ans (1,8 millions de personnes) déclarent
avoir consommé du cannabis au moins une fois dans l'année.
. Entre 23 et 34% des jeunes de 15 à 19 ans (environ 1 million de
personnes) déclarent consommer du cannabis au moins une fois dans
l'année.
. Environ 11% des jeunes de 15 à 19 ans (400 000 jeunes) déclarent
consommer du cannabis au moins 10 fois au cours de l'année.
. En 1997, 23% des personnes qui demandent du soin sont en difficulté avec
le cannabis. L'âge moyen de ces usagers était de 25 ans.
. Aucun décès lié à l'usage de cannabis n'a été recensé par la police
jusqu'à maintenant. Néanmoins, depuis juin 1999, la loi prévoit la
recherche de cannabis chez les conducteurs impliqués dans un accident
mortel.
. 73 000 usagers et usagers revendeurs de cannabis ont été interpellés en
1998. Leur âge moyen était de 22 ans. Le nombre d'usagers de cannabis
interpellés a fortement augmenté en quelques années et représente une
part croissante de l'ensemble des interpellations pour usage de
stupéfiants (85% en 1998).
Un peu plus de 3 000 personnes ont été interpellées pour trafic de cannabis
en 1998.
| | | |
Tendance statistique : la consommation déclarée de cannabis est en hausse,
en particulier chez les jeunes
L’Ecstasy
Pilule-performances, pilule-fêtes, potion magique ? De plus en plus
répandue dans le monde, l'ecstasy pour certains ne serait même pas une
drogue. Ah bon ? Le point sur une pilule chimique et dangereuse.
L'ecstasy qu'est-ce que c'est, et à quoi ça ressemble ?
L'ecstasy appartient à la famille des amphétamines. Ce produit fait partie
d'une nouvelle série de produits apparus avec l'évolution de la chimie :
les drogues de synthèse. Elles sont fabriquées dans des laboratoires
clandestins par des chimistes qui tentent de créer des produits inédits en
faisant la synthèse de molécules dont l'action est beaucoup plus puissante
que celle des substances naturelles. L'apparition massive de l'ecstasy est
liée à l'émergence du mouvement musical techno et l'organisation de rave
parties.
Depuis une dizaine d'années, on assiste en Europe à un développement de la
consommation d'ecstasy. En France, en 1996, 5% des jeunes hommes de 18 à 23
ans vus dans les centres de sélection du service national déclaraient avoir
déjà pris de l'ecstasy et la proportion de jeunes adultes (principalement
des hommes, bien insérés socialement) en ayant consommé au moins une fois
pourrait atteindre 5 %.
|L'ecstasy se présente sous la forme de comprimés de couleurs et de |
|formes variées ornées d'un motif. Son principe actif responsable des |
|effets psychoactifs est la MDMA (" 3,4 méthylènedioxyméthamphétamine ").|
| |
|Lorsqu'ils consomment de l'ecstasy, les usagers disent qu'ils gobent. |
|Un comprimé d'ecstasy contient de quelques milligrammes à plus de 200 mg|
|de MDMA. La composition d'un comprimé présenté comme étant de l'ecstasy |
|est souvent incertaine : la molécule MDMA n'est pas toujours présente et|
|peut être mélangée à d'autres substances : amphétamines, analgésiques |
|(substance qui atténue ou supprime la douleur), hallucinogènes, |
|anabolisants. L'ecstasy peut également être coupé avec de la caféine, de|
|l'amidon, des détergents, du savon… ! |
Effets et dangers de l'ecstasy
Les usagers d'ecstasy recherchent la sensation d'énergie, de performance et
la suppression de leurs inhibitions (les blocages, les défenses et les
interdictions tombent). A l'effet de plaisir et d'excitation s'ajoute une
sensation de liberté dans les relations avec les autres. L'ecstasy provoque
tout d'abord une légère anxiété, une augmentation de la tension artérielle,
une accélération du rythme cardiaque et la contraction des muscles de la
mâchoire ; la peau devient moite, la bouche sèche. Suit une légère
euphorie, une sensation de bien-être et de plaisir. Elle s'accompagne d'une
relaxation, d'une exacerbation des sens et d'une impression de comprendre
et d'accepter les autres.
L'usage de l'ecstasy provoque une déshydratation de l'organisme. La
consommation régulière d'eau est nécessaire, surtout si le consommateur se
trouve dans une ambiance surchauffée et fait un effort physique important.
Cette substance devient plus dangereuse si elle est consommée simultanément
avec d'autres substances psychoactives (alcool, médicaments). Le risque de
complication semble augmenter avec la dose " gobée ", la composition du
produit et la vulnérabilité de l'usager. Les personnes qui suivent un
traitement médical s'exposent à des effets dangereux par les interactions
médicamenteuses qui peuvent se produire, notamment avec certains
médicaments anti-VIH, l'aspirine et certains antidépresseurs.
La consommation d'ecstasy est particulièrement dangereuse pour les
personnes qui souffrent de troubles du rythme cardiaque, d'asthme,
d'épilepsie, de problèmes rénaux, de diabète, d'asthénie (fatigue) et de
problèmes psychologiques.
Il arrive que l'usager ressente, trois ou quatre jours après la prise, des
passages à vide qui peuvent provoquer des états d'anxiété ou de dépression
nécessitant une consultation médicale.
Une consommation régulière et fréquente amène certains à maigrir et
s'affaiblir ; l'humeur devient instable, entraînant parfois des
comportements agressifs. Pour quelques-uns, cette consommation peut révéler
ou entraîner des troubles psychiques sévères et durables.
Les dommages de l'ecstasy sur le cerveau sont encore mal connus ; les
travaux scientifiques établissent une possible dégénérescence des cellules
; elle pourrait être irréversible et entraîner à terme des maladies
dégénératives comme la maladie de Parkinson ou des troubles cognitifs
responsables d'une dépression.
Ecstasy et dépendance
Chez certains usagers, l'ecstasy peut provoquer une dépendance psychique.
Pour ce qui concerne la dépendance physique, les appréciations varient
selon les experts.
L'ecstasy est un produit illicite.
La MDMA a été synthétisée par les laboratoires Merck en 1912 qui avaient
engagé des recherches dans un but militaire : il s'agissait de
potentialiser certains effets des amphétamines (effets coupe-faim et contre
le sommeil). L'ecstasy n'a jamais obtenu d'autorisation de mise sur le
marché. On a ponctuellement utilisé la MDMA en psychiatrie dans les années
1970 en Californie. Cette pratique a été rapidement interrompue au vu des
dommages qu'elle causait. A partir des années 70 aux Etats Unis et plus
récemment en Europe, la MDMA est utilisée à des fins récréatives, lors de
soirées et de raves parties. L'usage d'ecstasy est en constante
progression.
le LSD
Autre produit de synthèse, le LSD 25 ou diéthylamide de l'acide lysergique
est obtenu à partir de l'ergot de seigle. Il se présente sous la forme d'un
buvard (papier imbibé), d'une " micropointe " (ressemblant à un bout de
mine de crayon) ou sous forme liquide. Un " trip " contient en 50 et 400
microgrammes, voire plus, de LSD 25.
Le LSD est un hallucinogène puissant. Il entraîne des modifications
sensorielles intenses, provoque des hallucinations, des fou rires
incontrôlables, des délires. Ces effets, mentalement très puissants, sont
très variables selon les individus.
Un " trip " dure entre 5 et 12 heures, parfois plus longtemps.
La redescente peut être très désagréable ; l'usager peut être dans un état
confusionnel pouvant s'accompagner d'angoisses, de crises de panique, de
paranoïa, de phobies, de bouffées délirantes. L'usage de LSD peut générer
des accidents psychiatriques graves et durables.
le LSD est un produit illicite
Les Amphétamines
L'amphétamine ou speed (ou ice ou cristal) est un psycho-stimulant
puissant, un hallucinogène et un coupe-faim. Il se présente sous forme de
cachets à gober ou de poudre à sniffer ou à gober dans du papier. Il est
très souvent coupé avec d'autres produits.
L'amphétamine est souvent consommée en association avec de l'alcool ou
d'autres substances psychoactives comme l'ecstasy.
Stimulant physique, il donne la sensation de supprimer la fatigue et
l'illusion d'être invincible. Ses effets durent plusieurs heures.
La consommation d'amphétamine peut entraîner une altération de l'état
général par la dénutrition et par l'éveil prolongé conduisant à un état
d'épuisement, une grande nervosité, et, parfois, des troubles psychiques
(psychose, paranoïa). On peut assister à l'apparition de problèmes cutanés
importants (boutons, acné majeure).
La descente peut être difficile, provoquer une crispation des mâchoires,
des crises de tétanie, des crises d'angoisses, un état dépressif, et
comporter des risques suicidaires. Ce produit s'avère très dangereux en cas
de dépression, de problèmes cardio-vasculaires et d'épilepsie.
L'amphétamine est un produit illicite.
Consommation : les chiffres d'une réalité française
. Moins de 1% des adultes de 18 à 75 ans, soit 290 000 adultes déclarent
avoir pris de l'ecstasy dans leur vie.
En 1996, 5% des jeunes hommes de 18 à 23 ans vus dans les centres de
sélection du service national déclaraient avoir déjà pris de l'ecstasy.
De 0,5 à 1,5% des jeunes de 15 à 19 ans, soit entre 20 000 et 59 000
jeunes, déclarent avoir consommé de l'ecstasy au cours de l'année.
3 % des lycéens parisiens l'ont expérimenté.
L'ecstasy est cité comme produit à l'origine de la prise en charge dans les
structures spécialisées en toxicomanie et les établissements sanitaires
dans 2% des cas en 1997. L'âge moyen de ces usagers est de 23 ans.
L'ecstasy est en cause dans un peu plus de 1% des interpellations pour
usage et usage -revente (près de 1 000 personnes) en 1998. L'âge moyen de
ces usagers interpellés est de 23 ans.
199 personnes ont été interpellées pour trafic d'ecstasy en 1998.
La cocaïne
La drogue des riches, des jeunes gens pressés et des rock stars dit-on…
C'est peut-être toujours vrai, mais ce qui est sûr c'est que la
consommation augmente et que les usagers ne sont plus seulement ceux-là.
La cocaïne qu'est-ce que c'est, et à quoi ça ressemble ?
|La cocaïne se présente sous la forme d'une fine poudre blanche. Elle est|
|le résultat de la distillation des feuilles de cocaïer préalablement |
|séchées. |
|Elle est principalement prisée (la ligne de coke est " sniffée " à |
|l'aide d'une paille) ; elle est également injectée par voie |
|intraveineuse et fumée. |
|La cocaïne est parfois frelatée, coupée ou mélangée à d'autres |
|substances, ce qui accroît sa dangerosité et potentialise les effets et |
|les interactions entre les produits. |
Effets et dangers de la cocaïne
L'usage de cocaïne provoque une euphorie immédiate, un sentiment de
puissance intellectuelle et physique et une indifférence à la douleur et à
la fatigue. Ces effets vont laisser place ensuite à un état dépressif et à
une anxiété que certains apaiseront par une prise d'héroïne ou de
médicaments psychoactifs.
La cocaïne provoque une contraction de la plupart des vaisseaux sanguins.
Insuffisamment irrigués, les tissus s'appauvrissent et, par conséquent, se
nécrosent. C'est souvent le cas de la cloison nasale avec des lésions
perforantes chez les usagers réguliers.
La cocaïne provoque des troubles du rythme cardiaque. Ils peuvent être à
l'origine d'accidents cardiaques, notamment chez des personnes fragiles et
/ ou qui consomment de fortes quantités de tabac. D'autant que la
consommation de tabac, comme celle de l'alcool, est souvent augmentée lors
des prises de cocaïne.
Chez les personnes les plus fragiles, l'usage de cocaïne peut provoquer des
troubles psychiques, une grande instabilité d'humeur, des délires
paranoïdes (notamment au bruit) ou des attaques de panique. En accroissant
l'activité psychique, la cocaïne provoque des insomnies, des amnésies et
des phases d'excitation.
Par ailleurs, les pailles utilisées pour " sniffer " peuvent transmettre
les virus des hépatites A,B et C si elles sont partagées par plusieurs
usagers.
Cocaïne et dépendance
Excitant puissant, la cocaïne provoque une dépendance psychique importante.
Une fois commencée, il est difficile d'arrêter une consommation aiguë de
cocaïne, tant la nécessité d'en reprendre est importante. D'autant qu'au
contraire de l'héroïne ou du cannabis, il n'y a pas d'apaisement possible
avec la consommation d'une autre substance.
Une autre caractéristique de la cocaïne est de lever les inhibitions. Cette
sensation de " toute-puissance " entraînée par la cocaïne en fait un
produit qui risque d'engendrer des passages à l'acte.
La cocaïne est un produit illicite.
Originaire des Andes, le cocaïer est un arbrisseau cultivé en Amérique du
Sud, en Indonésie et dans l'Est africain. Dans les pays andins, les
feuilles de coca sont consommées sous forme d'une chique que l'on mastque
pendant quelques heures. La muqueuse buccale, puis l'?sophage et l'estomac
sont anesthésiés : l'usager ne ressent alors plus la faim. Certains ont vu
également dans cet usage une manière de se protéger du froid des altitudes.
Dans les sociétés précolombiennes, la coca servait de plante médicinale, de
drogue stimulante, d'objet rituel et de taxe d'imposition. Au début du 16è
siècle, les conquérants espagnols donnèrent ce stimulant aux indigènes
qu'ils exploitaient dans les mines et qui leur permettait de mieux
supporter leurs dures conditions de travail.
En 1865, un chimiste autrichien élucide la formule brute de la cocaïne ;
dix ans plus tard, des dérivés de la cocaïne sont utilisés pour les
anesthésies locales. Dès 1880 aux Etats-Unis, la cocaïne devient populaire.
Elle est administrée comme tonique et comme désintoxiquant de l'alcool,
l'opium et la morphine.
Depuis les années 30, la consommation de cocaïne s'est progressivement
répandue notamment sous l'impulsion des cartels sud-américains qui
cherchent à écouler une production importante.
Consommation : les chiffres d'une réalité française
. Près de 2% des adultes de 18 à 44 ans (environ 450 000 personnes)
déclarent avoir consommé au moins une fois dans leur vie de la
cocaïne. Cependant, il est vraisemblable que les consommations de
drogues illicites, et tout particulièrement celles de substances comme
la cocaïne, l'héroïne ou l'ecstasy, ne soient pas toujours déclarées
dans les enquêtes en population générale.
entre 0,8 et 1,9% des jeunes de 15 à 19 ans (soit entre 32 000 et 74 000
personnes) déclarent consommer de la cocaïne au moins une fois dans
l'année.
La cocaïne apparaît comme produit à l'origine de la prise en charge dans
13% des recours aux structures de soins en 1997, le plus souvent comme
produit associé. L'âge moyen des usagers de cocaïne pris en charge dans les
établissements sanitaires et sociaux était de 29 ans en 1997.
Neuf cas de décès par surdose liés à l'usage de cocaïne ont été recensés
par les services de police en 1998.
3 180 personnes ont été interpellées pour usage ou usage-revente de cocaïne
en 1998, ce qui représente 3,7% de l'ensemble des interpellations pour
usage de stupéfiants. Le nombre de ces interpellations est en augmentation.
Les usagers de cocaïne interpellés avaient en moyenne 29 ans.
Près de 1 000 personnes ont été interpellées en 1998 pour trafic de
cocaïne.
Tendance statistique : la consommation de cocaïne est en augmentation. Elle
n'est plus limitée à certains milieux aisés dans lesquels elle paraissait
cantonnée.
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|CRACK |
|Un dérivé de la cocaïne : le crack |
|Le crack est un mélange de cocaïne, de bicarbonate de soude et |
|d'ammoniaque qui se présente sous la forme de petits cailloux. L'usager |
|en inhale la fumée après les avoir chauffés. (Cette opération provoque |
|des craquements, ce qui lui a donné son nom.) |
|Le mode de consommation du crack provoque des effets plus intenses que |
|ceux de la cocaïne : le produit arrive plus rapidement au cerveau, mais |
|la durée de son effet est plus brève. |
L'usage régulier de crack peut provoquer des hallucinations et entraîner
des comportements violents, des épisodes paranoïdes ou encore des états
suicidaires. Parmi les conséquences physiques de l'usage régulier de crack,
on peut noter un effet rapide sur le cerveau, de graves altérations des
voies respiratoires ainsi que des arrêts cardiaques ou respiratoires
pouvant provoquer la mort. La consommation régulière de crack entraîne
rapidement une forte dépendance physique et psychique. Les usagers, même
après avoir cessé d'en consommer, restent souvent soumis à des altérations
de l'humeur et connaissent pendant plusieurs mois une certaine dépendance
et des épisodes de rechute éventuels.
L'Héroïne
Tout savoir sur une substance dont le nom fait déjà peur. Pourquoi ?
L'héroïne qu'est-ce que c'est, et à quoi ça ressemble ?
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|L'héroïne est un opiacé puissant, obtenu à partir de la morphine. Les |
|opiacés sont des substances naturelles contenues dans le latex (opium) |
|recueilli sur une plante, le pavot. L'héroïne se présente sous la forme |
|d'une poudre. Elle est la plupart du temps injectée en intraveineuse, |
|après dilution et un chauffage du produit. (Les pratiques d'injection | |